Le cancer est un enjeu de santé publique.
Il touche toutes les catégories de la population mondiale quels que soient leurs âges, leurs sexes ou encore leurs niveaux socioéconomiques.
💡 10 millions de personnes meurent du cancer chaque année dans le monde.
💡 Le cancer est la deuxième cause de décès dans le monde.
💡 Des millions de vies pourraient être sauvées chaque année grâce à la mise en place de stratégies et de ressources appropriées pour la prévention, le dépistage précoce et le traitement.
👉 🎯 Les causes peuvent être :
↪ endogènes c’est-à-dire provenant de l’organisme (risque génétique).
↪ exogènes c’est-à-dire non-génétiques ou « environnementaux » comme :
- La consommation d’alcool
- Une mauvaise alimentation
- Le tabagisme
- Le surpoids et l’obésité
- Les infections
- Les ondes électromagnétiques
- Etc…
👉 💊 Les traitements sont : la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie, la thérapie ciblée, l’hormonothérapie et l’immunothérapie.
La prévention et le dépistage vont permettent d’améliorer les chances de survies et d’éviter des traitements lourds.
La bio impédancemétrie et le cancer
Contexte clinique :
Au-delà du développement tumoral, le cancer est également associé à un état d’hypercatabolisme appelé cachexie qui se caractérise par une diminution très importante de la masse musculaire squelettique et de la masse grasse (1). Dans ce contexte, la bio- impédancemétrie constitue un outil de suivi du statut nutritionnel pour détecter la cachexie (2).
Masse musculaire squelettique des membres :
La cachexie se caractérise notamment par une diminution importante de la masse musculaire associée à une diminution de la force maximale et de l’endurance, provoquant une dysfonction musculaire (3).
Chez ces patients, cela va limiter leur capacité à effectuer leur activité journalière (4) et donc diminuer leur qualité de vie. De plus, dans le cas des patients atteints de cancer , la cachexie diminue fortement leurs chances de survie (5), amenant les professionnels de santé à surveiller l’apparition de la cachexie.
L’index ASMI (Appendicular Skeletal Muscle Index), qui correspond au ratio Masse musculaire squelettique des membres (kg)/taille² (m²), est un marqueur particulièrement utile dans la détection de la sarcopénie/cachexie.
En effet, une valeur de cet index inférieure à 7,26 kg/m², pour les hommes, et de 5,45 kg/m², pour les femmes, est considérée comme la présence d’une cachexie (6).
Il est également possible de détecter une cachexie lors du suivi d’un patient via la vitesse de diminution de la masse musculaire de membres. Si une perte de plusieurs centaines de grammes sur un temps court (quelques semaines) est observée alors une cachexie est en train de se mettre en place. Il devient alors possible de la limiter voire de l’éviter avec une prise en charge nutritionnelle et par l’exercice adaptée et de façon précoce (3,7).
Enfin, dans un contexte clinique, si une diminution rapide est observée, il peut être intéressant de compléter cette observation en effectuant des tests fonctionnels comme la force maximale de préhension, le « Chair stand test » et/ou la vitesse de marche sur 4 mètres (8).
Masse hors graisse :
L’index FFMI (Fat-Free Mass Index) correspond à la Masse Hors Graisse (FFM)/Taille² et peut également être utilisé comme marqueur diagnostic de la dénutrition. En effet, l’HAS considère qu’un FFMI inférieure à 17 kg/m², pour les hommes, et de 15 kg/m², pour les femmes, est synonyme de dénutrition. Bien que non spécifique comme l’ASMI, il reste plus précis que l’IMC ne prenant en compte que la masse hors graisse dans le calcul, qui est impactée par la dénutrition contrairement à la masse grasse.
Masse sèche hors graisse :
La masse musculaire des membres ainsi que la masse hors graisse sont toutes les deux dépendantes des fluctuations du volume hydrique au cours de la journée, ainsi une diminution de ces deux paramètres peut être liée à une diminution du volume d’eau totale. La masse sèche hors graisse correspond à la quantité totale de protéines et de minéraux et une diminution de ce paramètre est associée à la perte de protéines et/ou de minéraux. Par conséquent, si une diminution de la masse sèche hors graisse est observée simultanément à une diminution de la masse musculaire des membres, cela signifie qu’une perte de protéine a eu lieu au sein du muscle squelettique, confirmant ainsi la présence d’une cachexie.
La masse grasse :
En plus de la diminution de la masse musculaire squelettique, la cachexie provoque une perte très importante de masse grasse (9) chez les patients. Ainsi, le suivi de la masse grasse à hydratation constante est aussi intéressant dans le suivi de la cachexie car ce marqueur permet un suivi de la masse grasse tout en limitant le biais lié à l’hydratation.
Dans le contexte clinique, une diminution rapide de masse musculaire squelettique associée à une diminution rapide de la masse grasse est représentative d’une cachexie et donc le suivi de ces deux paramètres est pertinent dans ce cas.
L’angle de phase :
Bien que non spécifique, l’angle de phase peut aussi être un outil intéressant dans le suivi nutritionnel des patients atteints et la détection de la cachexie et être utilisé en complément des autres paramètres cités plus haut. En effet, il a été montré qu’un angle de phase de 4.05°, pour les hommes, et de 3.55°, pour les femmes, pouvait être utilisé comme limite inférieure pour détecter la sarcopénie (10).
Références
- Peixoto da Silva S, Santos JMO, Costa e Silva MP, Gil da Costa RM, Medeiros R. Cancer cachexia and its pathophysiology: links with sarcopenia, anorexia and asthenia. J Cachexia Sarcopenia Muscle. 2020;11(3):619‑35.
- Aleixo GFP, Shachar SS, Nyrop KA, Muss HB, Battaglini CL, Williams GR. Bioelectrical Impedance Analysis for the Assessment of Sarcopenia in Patients with Cancer: A Systematic Review. The Oncologist. févr 2020;25(2):170‑82.
- Fearon K, Arends J, Baracos V. Understanding the mechanisms and treatment options in cancer cachexia. Nat Rev Clin Oncol. févr 2013;10(2):90‑9.
- Twomey R, Aboodarda SJ, Kruger R, Culos-Reed SN, Temesi J, Millet GY. Neuromuscular fatigue during exercise: Methodological considerations, etiology and potential role in chronic fatigue. Neurophysiol Clin Clin Neurophysiol. avr 2017;47(2):95‑110.
- Ryan AM, Power DG, Daly L, Cushen SJ, Ní Bhuachalla Ē, Prado CM. Cancer-associated malnutrition, cachexia and sarcopenia: the skeleton in the hospital closet 40 years later. Proc Nutr Soc. mai 2016;75(2):199‑211.
- Walowski CO, Braun W, Maisch MJ, Jensen B, Peine S, Norman K, et al. Reference Values for Skeletal Muscle Mass – Current Concepts and Methodological Considerations. Nutrients. 12 mars 2020;12(3):E755.
- Paddon-Jones D, Campbell WW, Jacques PF, Kritchevsky SB, Moore LL, Rodriguez NR, et al. Protein and healthy aging. Am J Clin Nutr. juin 2015;101(6):1339S-1345S.
- Beaudart C, Rolland Y, Cruz-Jentoft AJ, Bauer JM, Sieber C, Cooper C, et al. Assessment of Muscle Function and Physical Performance in Daily Clinical Practice : A position paper endorsed by the European Society for Clinical and Economic Aspects of Osteoporosis, Osteoarthritis and Musculoskeletal Diseases (ESCEO). Calcif Tissue Int. juill 2019;105(1):1‑14.
- Schmidt SF, Rohm M, Herzig S, Berriel Diaz M. Cancer Cachexia: More Than Skeletal Muscle Wasting. Trends Cancer. déc 2018;4(12):849‑60.
- Yamada M, Kimura Y, Ishiyama D, Nishio N, Otobe Y, Tanaka T, et al. Phase Angle Is a Useful indicator for Muscle Function in Older Adults. J Nutr Health Aging. 2019;23(3):251‑5.